L’agilité d’une petite structure

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Thibault de Veyrinas, 60 ans, a repris en 2006 l’entreprise nantaise Ruban Bleu menacée de fermeture et en a fait, aujourd’hui, le leader européen de la vente de bateaux électriques, tout en proposant des bases nautiques clés en main. Précurseur de la propulsion électrique, il ne cesse de développer des solutions innovantes profitant de l’agilité de sa petite structure de neuf salariés basée à Vigneux-de-Bretagne pour s’adapter sans cesse. 

Comment vous êtes-vous retrouvé à la barre de Ruban Bleu Electric Boats ?

J’habite Nantes depuis 30 ans mais je suis rennais d’origine. Je viens d’un monde qui n’a rien à voir avec le nautisme puisqu’au départ j’ai une formation en restauration de mobilier ancien et de tableaux. J’ai choisi de partir à Paris pour découvrir le monde du commerce et travailler dans différentes entreprises. Jusqu’au jour où j’ai eu l’opportunité d’entrer dans une entreprise qui fabriquait du matériel, des petits boîtiers électroniques pour la formation à l’informatique, à l’image des laboratoires de langues avec cabines et magnétos. J’ai une formation technique mais un vrai tempérament commercial. C’est un énorme avantage car j’arrive à faire le lien entre les deux. Cette entreprise, Cartel Europe, a déposé le bilan. Je l’ai reprise, on a très bien fonctionné sur Paris pendant quatorze ans jusqu’à un gros marché en Algérie pour le ministère de l’Éducation nationale qui ne nous a jamais été payé. On a mis la clé sous la porte. Cela a été une « belle » aventure et une expérience à considérer comme positive. Cela ne marche pas à tous les coups. 

Quatre ans avant, j’avais créé une agence à Nantes et je m’y étais installé. J’ai passé un an et demi à faire un job alimentaire avant que ne se présente l’opportunité de racheter Ruban Bleu qui était à la limite du dépôt de bilan car son ancien dirigeant, repreneur en 2003 du fondateur (1992) Jérôme Croyère, était décédé. Lorsque j’ai repris l’entreprise en 2006, il ne restait plus que quatre bateaux en cours de fabrication, dans un bâtiment des anciens chantiers Dubigeon sur l’île de Nantes, qui partaient pour Moscou. Après c’était fini. Il n’y avait qu’un salarié. Cela a été très compliqué au départ car il n’y a pas eu de transmission de l’entreprise, le dirigeant ayant disparu. Il travaillait à l’ancienne, sans fichier clients, sans plan. Cela a été une aventure très compliquée. Il a fallu énormément s’investir pour remonter tout cela. Je n’ai pas eu d’accompagnement. C’était une démarche solitaire, dans le brouillard. En 2014, la Région des Pays de la Loire et un fonds d’investissement sont entrés dans mon capital et m’ont apporté ainsi un soutien précieux.

Comment avez-vous trouvé cette entreprise ?

C’est un ami qui cherchait à racheter une entreprise et qui l’avait repérée. Elle ne l’intéressait pas mais m’a dit qu’elle devrait me plaire. Beaucoup de Nantais sont venus la visiter mais les conditions de reprise étaient tellement particulières qu’ils ont été dissuadés. Il y avait peu d’actifs, personne pour la transmission. Il fallait défricher et retrouver un marché, et chercher à obtenir le règlement des factures en cours…

Vous aviez une appétence pour le bateau ?

Oui, une passion pour le bateau et le monde de l’industrie. Les deux combinés, c’est vraiment passionnant. Je me suis tout de suite senti dans mon élément. J’ai fait beaucoup de voile, surtout du dériveur, du catamaran, pour le plaisir, du côté de Saint-Cast, Saint-Malo.

Vous avez fait évoluer le projet de l'entreprise ?

Deux ans après le rachat, il y a eu la crise de 2008, que nous avons ressentie en 2009. Mais nous avons bien réagi grâce à une évolution inattendue du marché. Des maires nous ont contactés car ils voulaient valoriser les plans d’eau dans leur commune avec une base nautique et cherchaient une entreprise pour réaliser ce projet. Quand on reprend une entreprise dans de telles conditions, il n’y a pas de stratégie. On est là au départ pour boucher les trous et répondre aux urgences. Il faut s’approprier le contenu de l’entreprise et faire ce que l’on peut faire. Cela a demandé du temps avant que cela devienne clair. Ce n’est qu’après que l’on s’est demandé comment redynamiser l’entreprise. L’élément extérieur, la crise, est venu changer la donne. Nous n’avions plus beaucoup de contacts mais nous avons vu arriver cette demande nouvelle de la part de collectivités. La première a été la commune de Chanaz, en Savoie qui voulait absolument monter une activité de loisirs pour dynamiser son site le long du canal de Savières. On a commencé à les aider dans cette démarche. Cela a permis de réaliser en un an un projet qui leur aurait demandé plusieurs années pour se concrétiser.

Entretien réalisé par : Éric CABANAS

Photo : Benjamin LACHENAL

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